Jusqu'alors épargnée par les engins meurtriers,
Marseille, d'un coup, s'inscrit en tête des villes
blessées; la soudaineté de la catastrophe et son
ampleur, les scènes d'horreur vécues en cette veille de
Pentecôte, quand tombèrent du ciel ces boules de feu
inattendues, ne sortiront pas de sitôt de la mémoire de
ceux qui en furent les témoins épouvantés et
impuissants.Ce bilan n'est encore que
provisoire: le nombre définitif des immeubles atteints
dépasse le millier; les dix minutes de bombardement ont
fait 1 752 cadavres et ont blessé 2 761 personnes*.
NOMBRES DE
MORTS: 1 216 (au 31 Mai)
répartis ainsi qu'il suit |
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Corps
apportés à 17 heures au cimetière
Saint-Pierre............
Inhumés hier
.........................................................................
Nombre de cercueils restant au dépôt des
trolleys ................. |
505
502
141 |

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Corps
restant encore dans les hôpitaux |
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Salvator
................................................................................
Michel-Levy
....................................................................................
Conception
......................................................................................
Centre Hygiène Mentale
...................................................................
Disparus
..........................................................................................
Blessés reçus par la Croix-Rouge
.....................................................
Encore en traitement aux hôpitaux
..................................................... |
2
6
45
15
88
1 323
670 |
* Chiffres fournis par les services
municipaux.
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Sur cet immense malheur brille pourtant l'étoile
de la solidarité; quand sonne l'heure noire des
tragédies, on voit surgir, se manifestant de mille
manières, cet esprit d'entraide et de fraternité qui
sommeile toujours au fond des coeurs frabçais.
Les uns envoient de l'argent: ainsi du Chef de l'Etat qui
adresse aussitôt 100 000 francs aux sinistrés ainsi
encore du Conseil Municipal et du Conseil Départemental
qui votent chacun une subvention de deux millions.
Mais d'autres, et ce sont les plus nombreux, paient de
leur personne; on les voit surgir de toutes parts,
garçons ou filles des mouvements de jeunesse, scouts,
volontaires de tout âge et de toute condition sociale;
ils apportent leur bonne volonté, leur ardeur, leur
enthousiasme, satisfaits s'ils réussissent à tirer du
péril quelque malheureux enseveli. |